mercredi 28 octobre 2009

Calculs de doses Héparine



A savoir par coeur : Concernant l'héparine :


1 ml = 50 mg = 5000 ui


A partir de cela vous pouvez préparer une SAP d'héparine à partir de n'importe quelle prescription.








Exemples :





Prescription :


Héparine 1.7 mg/h pendant 12h





Quelle quantité totale d'héparine dois-je mettre dans ma seringue ? Il me faut la quantité nécessaire pour 12h soit 1.7 x 12 = 20.4 mg d'héparine.





Oui mais cela correspond à combien de ml ?


On reprend notre formule magique du début :


50mg = 1ml donc


20.4 mg = ?


? = 20.4/50 = 0.408 ml à prélever et à mettre dans ma seringue, que je complète jusqu'à 12 cc d'EPPI, et je règle mon PSE à 1ml/h








Prescription :


Héparine 20000 ui par 24 h.


Admettons que dans votre service on ait l'habitude de préparer les SAP pour 12h, on a donc 10000 ui par 12h.


5000 ui, c'est 1ml, 10 000 ui c'est donc ???? Bravo, vous avez trouvé, 2ml.


Je prélève donc 2ml d'héparine, je complète ma seringue jusqu'à 12cc avec de l'EPPI, et je mets vitesse 1ml/h





Prescription :


Héparine 180 mg sur 12 h


On reprend la formule magique que nous connaissons par coeur


1 ml = 50 mg


x ml = 180 mg


x = 180/50 = 3.6 ml à prélever.


Pour la suite, préparation de la seringue, vous maitrisez.





Alors, il faut savoir que certains hôpitaux ont des protocoles bien particuliers concernant la préparation des SAP, par exemple, on les prépare toutes de la même façon, et c'est le débit qui varie.


Par exemple, dilution fixe 12000 ui (=2.4 ml) dans 48cc.


Exemple de prescription = 10 000 ui par 24 h.


Nous avons une dilution à 12000 ui = 48 cc


soit 10 000 ui dans x cc.


x=(10 000 * 48) /12000 = 40 cc


Pour obtenir le débit par heure, on divise par 24 (bien oui, il faut que 40 cc passent sur 24h, pour ceux qui auraient perdu le fil ;-) ) soit 40/24 = 1.7 ml /h





L'avantage de cette dernière façon de faire est de ne pas avoir à repréparer la seringue d'héparine à chaque changement de dosage. ça parait un peu plus compliqué, mais s'il y a un protocole, en général il y a un tableau avec les correspondances ui/24h -> ml/h

vendredi 23 octobre 2009

Transfu : trois étapes de vérification



Cliquez pour agrandir.
Voilà un petit mémo des vérifications "administratives" à réaliser avant une transfu.

Transfu : savoir lire une carte de CULM



C'est quoi ça, le CULM ? C'est le contrôle ultime au lit du malade. C'est obligatoire.

Ben oui, je vais vous causer transfu, mais parfois je pense qu'il ne faut pas commencer par le début.

A savoir quand même maintenant, le groupe sanguin ce n'est pas que le système ABO. Je vous expliquerai plus tard mais il y a plein de groupes. Il suffit de regarder une carte de groupe sanguin, il n'est pas juste noté A+... Il y a des histoires de DdCcEe K ...
Mais pour l'instant, tenons-nous-en au système ABO.


1. Un peu de génétique-génétoc (niveau 4ème)


Regardez ce schéma ci dessous, il parle tout seul. Bon, je vais quand même commenter un peu. Bon, comme vous le savez un gène c'est un morceau d'ADN.


Sur notre chromosome 9 se trouve le gène ABO. 2 versions (une version est appelée une allèle) possibles de ce gène sur ce chromosome (notre chromosome a deux pattes)


Sur cette allèle se trouve un antigène (soit A soit B) soit pas du tout d'antigène (zéro soit O) On dit qu'A et B s'expriment, bien oui, quand ils sont là ils le font savoir, ils sont dominants.

Si nous avons un antigène A sur chaque allèle -> AA -> nous faisons parti du groupe sanguin A.

Si nous avons un A et rien en face -> AO (dites A-zéro) -> idem, groupe A

Si A et B -> AB, tous deux s'expriment -> groupe AB

Si rien et rien -> OO (zéro+zéro = la tête à toto) -> groupe O




Si vous êtes du groupe A, il faut savoir que votre corps ne reconnaîtra pas du B, il produira donc des anticorps anti-B pour le détruire.


Bon, je reprends car je crains de ne pas être claire :

-l'antigène, c'est ce qu'on a

-l'anticorps, c'est ce qui "lutte contre". C'est le système immunitaire qui les fabrique (merci les lymphocytes B)


Voilà pour la partie génétoc-fastoche. Passons à sa mise en application.



2. Utilisation de la fiche de CULM


Voici à quoi ressemble une fiche de CULM :
Dans les ronds bleus, un réactif reproduisant l'action des anticorps anti-A
Dans les ronds jaunes, un réactif reproduisant l'action des anticorps anti-B
Si en mélangeant le sang avec le réactif, il y a agglutination, cela signifie que les anticorps ont reconnu l'antigène contre lequel ils sont dirigés.
Donc, si aucune agglutination ne se produit, c'est qu'aucun antigène n'est présent ... Vous me suivez j'espère ? Donc nous avons affaire à un groupe O.
Si agglu en A = groupe A
Si agglu en B = groupe B
Si agglu en A et en B = groupe AB
3. Règles de compatibilité ABO :
-Les donneurs O peuvent donner à tous les groupes car ils n'apportent aucun antigène inconnu susceptible d'entrainer une production d'anticorps. Bref, ça ne va pas titiller nos amis lymphocytesB.
-Les receveurs AB peuvent recevoir de tous les groupes car ils connaissent tous les antigènes (A et B) du système ABO
-A peut recevoir de A et de O et donner à A et AB
-B peut recevoir de B et de O et donner à B et AB
-Sur un CULM, si pour un même réactif on a une agglu avec le culot et pas d'agglu avec le patient ON NE TRANSFUSE PAS !!!
-Au moindre doute on contacte l'EFS
-Et bien entendu, on ne vérifie pas que le CULM ... mais ça, je vous en parlerai prochainement !!


mardi 20 octobre 2009

Techniques de soins : Le pose de Voie Veineuse Périphérique



La théorie, c'est bien beau, mais il faut également savoir "techniquer" et ça en général, les étudiants adorent (hihihi c'est plus marrant de poser des KT que de réviser sa cardio!!!)





Je ne vais pas reprendre le déroulement du soin, le matériel qu'il faut etc ... Je vais plutôt tenter de lister des astuces :





Les dix commandements de la pose de VVP :





1. Ton temps, tu prendras. Installation confortable, temps pour le repérage de la veine, repérage de différents sites possibles, se représenter le trajet de la veine mentalement, essayer de visualiser l'emplacement du KT dans le bras avant de se lancer. Bref, prendre son temps avant de piquer, c'est très important.





2. Ton garrot, modérément tu serreras. Il ne sert à rien de trop serrer un garrot. Avec un garrot, on cherche à interrompre momentanément le retour veineux ; ainsi les veines gonflent car le sang arrive par les artères mais ne peut pas revenir par les veines. Mais si on serre trop, on comprime aussi les artères et les veines ne gonflent finalement que très peu.





3. Ton patient, tu rassureras. Un patient stressé, qui serre les dents, qui respire à grande vitesse, ça n'aide pas. Un patient confiant, rassuré, à qui l'on a expliqué le soin, à qui l'on a fait comprendre que sa participation était essentielle ("vous allez serrer le poing modérément, et quand je vous dirais je pique, vous soufflerez tout en vous détendant, ça en durera pas longtemps") est mille fois plus facile à piquer qu'un patient angoissé. Vous pouvez même tenter une petite blague, si votre patient a de l'humour.





4. D'alcool, tu useras. Avant de commencer voter protocole bétadine 4 temps, utilisez donc un peu d'alcool, vous verrez c'est magique. Et vous avez oublié l'alcool dans la salle de soins ? Prenez donc la solution hydro-alcoolique qui est dans votre poche, ça marche aussi ;-) bon ce n'est pas économique....





5. De l'imagination, tu auras. Vous ne trouvez aucune veine ? Mais alors vraiment aucune ? Demandez au patient de poser le coude comme pour un bras de fer. Regardez sur le côté externe du bras. Ah oui, il y en a une, là. A vous de faire un petite gymnastique, tordez-vous en deux ! Ou alors, même si ce n'est pas recommandé, regardez sur le bras, oui, oui, le bras au dessus du pli du coude. On trouve parfois ici des veines qui n'ont pas été maltraitées par les années !!!





6. Le bon calibre, tu choisiras. J'allais oublier de parler de ça ! Inutile de vouloir à tout prix poser un KT vert à un patient qui a juste 3 g d'Augmentin par jour en injectable ... Les ptits KT roses, c'est pas mal non plus... Par contre, ne mettez pas un petit bleu pour une transfu (tentez un vert, c'est mieux, encore que...)





7. Des contre-indications, tu te méfieras. Attention aux personnes ayant subi une mammectomie d'un côté. Ne pas les perfuser par là. Et puis, si vous avez le choix, chez les droitiers, perfusez à gauche et vice-versa.





8. Une fois posée, de ta VVP, tu prendras soin. Même si vous adorez piquer, entretenez vos VVP (les patients, en général, n'aiment pas être piqués 3 fois dans la journée...) Alors, utilisez un Régulateur de débit, ça évitera les couacs dans les horaires de vos perfs. Fixez correctement vos KT, et surveillez les signes d'inflammation (DROC) Eduquez vos patients en leur demandant de sonner si un reflux de sang apparaît. Et pour les patients déments, vous pouvez mettre une bande velpeau autour de votre KT (bon, d'accord, vous surveillerez moins bien) pour éviter qu'ils l'arrachent (cela n'est pas garanti à 100%)





9. Si tu n'y arrives pas, l'IADE tu appeleras. Bon, en pratique, tu demandes d'abord à ta collègue. Mais si échec, c'est Dieu, euh non, l'IADE que tu appelleras au secours. Cette espèce hybride mi-infirmier, mi-médecin (euh je plaisante là) est très doué pour les poses de VVP





10. Et enfin, si tu y arrives, fier de toi tu seras. Bah oui, quoi... Il ne faut pas rester sur un échec, alors valorisez vos efforts et progrès. C'est en forgeant qu'on devient forgeron.





Et sinon, si vous avez d'autres astuces à nous faire partager, n'hésitez pas ;-)

jeudi 15 octobre 2009

La douleur : chapitre 2 : Mécanisme

Comment se crée une douleur ?







Alors, ça peut paraître un peu compliqué en cours, voilà pourquoi je vais simplifier et synthétiser ce que j'ai appris afin que cela soit plus digeste.







Tout d'abord voici un petit schéma réalisé par mes petite mimines qui va vous aider à comprendre le charabia qui suit.







Alors, tout commence par un stimulus douloureux, une lésion tissulaire. Les terminaisons nerveuses, situées sur la peau et les organes, font naître un message nerveux dit "nociceptif" (ça vient du latin, et ça veut dire "nuire, nuisible")
-> C'est en fait une alerte qui va être transmise au cerveau, le mettant en garde contre un danger.

Le rôle premier et utile de la douleur, c'est ça, nous avertir d'un danger. Prenons le cas de l'infarctus du myocarde, si nous étions incapables d'en ressentir la douleur, nous ne serions pas alertés et les chances de survie seraient quasi-nulles.

Des terminaisons nerveuses, le message va se diffuser grâce aux nerfs périphériques, puis va remonter la moelle épinière pour arriver au cerveau.

Mais arrêtons-nous un instant sur la moelle épinière, car il existe sur celle-ci un système régulateur de la douleur. Il s'agit d'un filtre, que l'on peut représenter par une porte. Plus la porte est ouverte, plus le message va passer. Ce système de porte s'appelle le "gate-control". Si la "porte" est fermée, aucune douleur ne sera ressentie.

Pourquoi est-il important de savoir ça ? Parce que certaines substances naturelles et chimiques sont capables de refermer un peu, beaucoup cette porte. (La morphine, ça vous dit quelque chose ?)

Bref, revenons à nos moutons. Le message nociceptif va donc arriver au cerveau, et c'est dans celui-ci, au niveau du thalamus et du cortex que le mesage nociceptif va devenir message douloureux. Effectivement, le cerveau va décoder la douleur, la percevoir (s'agit-il d'une brûlure, d'une piqure, d'une crampe ... ? ) la comparer avec les expériences douloureuses passées (ai-je déjà ressenti ce type de douleur?)

Si le cerveau analyse ainsi le message qu'il reçoit, c'est pour ordonner une réaction motrice : je me pique, hop je retire mon doigt de l'aiguille et vais me passer sous l'eau froide (le froid inhibe la transmission du message nociceptif)

Normalement, j'ai été claire. Du moins je l'espère. Bientôt je vous parlerai de l'évaluation de la douleur, qui est très très très importante.

La douleur : chapitre 1 : Généralités

Me revoilà après plus d'un mois sans poster ! Eh oui, les vacances, la reprise du travail puis le changement de travail ... Mais non, je n'ai pas abandonné et j'ai encore plein de sujets dans mon sac !

Nous allons parler d'un sujet qui me tient +++ à coeur. La douleur. Ne laissons plus les patients souffrir. Il existe des moyens thérapeutiques aujourd'hui pour répondre à la douleur. Commençons par quelques généralités.


Définition :

A connaître par coeur, bien entendu :

"C'est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à un dommage tissulaire réel ou potentiel, ou décrite en termes d'un tel dommage"

Déjà, première chose : cette définition nous montre d'emblée que la douleur ce n'est pas seulement quelque chose de physique. C'est physique certes (sensoriel) mais c'est quelque chose d'également "émotionnel"...

Nous pouvons donc d'ores et déjà en conclure que l'expérience de la douleur varie selon la personne. Pour un même stimulus douloureux, une personne va souffrir plus qu'une autre, va l'exprimer plus ou moins qu'une autre.


Et cela, c'est en lien avec :
- Nos représentations personnelles de la douleur
- Nos expériences douloureuses passées
- Notre culture, notre éducation
- Le sens attribué à la douleur
- etc ...


Mais dans tous les cas, seule la personne souffrante est juge de sa douleur. Ce n'est pas à nous de décider que tel patient a mal ou pas.

Il faut distinguer la douleur aîgue de la douleur chronique.

La douleur aigue, d'une durée inférieure à 3-6 mois, est un symptôme. Elle a donc pour but d'alerter sur une lésion tissulaire récente, afin d'engendrer un traitement. Exemple : Vous vous coupez, vous avez vite mal, vous allez vous faire soigner.

La douleur chronique, c'est la douleur-maladie. C'est une douleur qui est là depuis plus de 6 mois, qui est inutile et destructrice. Elle a un impact sur la vie sociale du sujet, sur son état psychologique; Notre objectif thérapeutique est donc de traiter au mieux cette douleur, et de réadapter le patient à sa vie. Ce sont par exemple les douleurs d'arthrose, de tassements vertébraux, de cancer évolué...


Voilà pour une première introduction en douceur ... Plus tard je vous parlerai des mécanismes de la douleur, de l'évaluation, et bien entendu du traitement !
A bientot